La défaite de Charles Quint

La légende du miracle d'Alger

L'offensive de Charles Quint sur la ville d'Alger en 1541
"Le siège d'Alger gravé par Cornelis Anthonisz en 1542"

Profitant de la trêve avec la France de François 1er et à la tête d’une armée formidable embarquée sur plus de 600 navires, Charles Quint décide de punir Alger d’une manière sanglante et définitive. La reprise du Peñon espagnol par Alger et sa garde turque en 1529 n’était pas la moindre cause de ce désir de vengeance de l’Empereur.
Fort de ses succès à Tunis en 1535 et comptant sur l’expérience de ses grands capitaines et se confortant de l’appoint des chevaliers de Malte, des Lansquenets allemands et des galères du Pape, l’ensemble des 24000 hommes et des 600 voiles espagnoles arrive dans la baie d’Alger. Il débarque en partie le 23 Octobre 1541 sur la plage du Hama à peu de distance de Bab Azzoun.

L’empereur s’installe pour observer la scène du haut de la colline du savon qui sera plus tard le site du «fort l’empereur», en arabe «Koudyat as saboun».

Devant la présence de la puissante armada une délégation turque vint supplier Charles Quint d’autoriser l’innocente population civile d’Alger à évacuerla ville. Intraitable Charles Quint refuse toute discussion et fit hâter les opérations de débarquement des nombreuses galères et la mise en ordre de marche de ses avant-gardes qui vont camper sous les remparts.

Les milliers d’hommes encore embarqués devaient suivre le mouvement. C’est alors que dans la nuit du 24 au 25 octobre 1541, le temps se gâta et une brusque tempête de pluies rageuses, d’éclairs terrifiants et de cyclones destructeurs s’abat sur la baie. Sous des paquets monstrueux de vagues, de la grêle inattendue les lames de la mer faisaient s’entrechoquer comme des coquilles fragiles les galères et les bateaux. Les vents impétueux brisaient mâtures et cordages sur une pluie diluvienne. Les troupes de Charles Quint allaient vivre un cauchemar apocalyptique, une nuit d’épouvante.

Le désespoir s’abattit sur les hommes embarqués terrifiés par la violence des éléments et les graves dommages subis par la flotte. Les marins sont mis à genoux par le mal de mer totalement affolés par le désastre annoncé comme une fureur divine. Quinze galères sont jetées sur la côte.

La réaction des Algérois fut aussi décisive et cruelle que l’avait été la détermination espagnole : des pluies de flèches, des affrontements à la hache de guerre, des armes à feu et un bombardement serré depuis les embarcations succédaient aux combats singuliers à la lance ou au yatagan.
Charles Quint lui même perdit, dit-on, une fameuse cassette pleine de pierres précieuses, son trésor personnel englouti dans la débandade.

Dans le monde musulman, la liesse se répandit comme une traînée de poudre. Le butin énorme permit aux Turcs de se fortifier et de pavaner. Hassan-Agha accueillait les compliments venus de toutes parts. Et Alger restera inexpugnable durant des siècles grâce à une batterie de canons redoutables mis en place par les Turcs afin de décourager toute nouvelle tentative semblable à celle des conquistadors espagnols de l’automne 1541.